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Le manque…

 

Deux ans…

Deux ans qu’il était ici, parmi nous, suite au décès de sa femme…. Une absence jamais oubliée, jamais comblée… lui qui a tant pleuré l’amour de sa vie…

Deux ans, que tous les mardis, je lui rendais une petite visite… assis sur son fauteuil, le regard dans le vide… plongé dans ses pensées… il repensait à sa vie, à ce qu’il a traversé…

Des pensées remplies d’interrogations sur sa vie actuelle, sur le monde… un monde lui paraissant hostile…

Il ne parvenait plus à donner de sens à sa vie… que faisait-il là ? Pourquoi tant de souffrances en lui ? Une souffrance physique, mais encore bien plus une détresse psychologique l’envahissant un peu plus chaque jour… sentiment de lassitude… d’inutilité… la fin, il l’attendait…

Ce monsieur m’a fait connaître l’envie d’avoir un grand père, avec lequel j’ai partagé des choses de la vie, des interrogations… un monde dans lequel il ne maitrisait plus rien et qui lui paraissait totalement incompréhensible…

Ce monsieur avec lequel je partageais les mêmes interrogations, mais avouées à demi mot, pour ne pas oublier que j’étais la pour l’aider…

Ce monsieur, parti.. a laissé un grand vide dans mon quotidien de la résidence… j’aimais sortir de sa chambre et voir une amorce de sourire…

« je vous aime comme ma fille » m’avait il dit… des mots qui résonnent encore dans ma petite tête…

Je ressentais pour lui une profonde affection… ce tit monsieur aux origines italiennes, qui avaient tant de choses à nous apprendre de la vie…

Remplis de réflexion… il transmettait son savoir, son vécu…. Sa vie… une jolie vie…

Elle est partie

 

Elle est partie… soudainement…

Laissant derrière elle, une chambre vide, chargée en souvenirs… imprégnée de son passage dans cette maison…

 

Ce petit bout de femme… elle est partie… laissant dans chacun d’entre nous, une partie d’elle…

Ce petit bout de femme, hier encore, assise à son bureau… plongée dans la lecture d’un bon livre… le dos recroquevillé… une marche malhabile… elle est partie…

 

Ses plaintes, son mécontentement… mais au fond, un petit bout de femme, ayant besoin d’attentions, d’écoute… un réel désir de se sentir existée dans un monde qui lui paraissait hostile… dans un univers dans lequel elle se sentait une inconnue parmi tant d’autres aux yeux d’autrui…

Parfois, on la disait pénible, mais au fond, elle n’attendait que de simples gestes à son égard…

 

Hier encore, elle était là assise en face de moi… me narrant le chemin de sa vie… ses peines, ses joies…

 

Je ne la reverrais plus… elle et ses mimiques…

 

Aujourd’hui, un inconnu envahit sa chambre, vient combler le vide qu’elle a laissé lorsqu’elle est partie… « Son remplaçant ».

Je la laisse, je l’abandonne… à mon retour, sera-t-elle, encore là ? Parmi nous, dans ce monde, ou sera-t-elle passée de l’autre côté ?

Je ferme la porte… tout en me disant, c’est peut être la dernière fois…

Je réentends ses mots, je revois son regard… un regard rempli de souffrance, la souffrance d’un corps atteint par la maladie…

Un lien s’était créé… mais sera-t-elle encore là ?

Elle me laisse, elle m’abandonne…

La crainte de retrouver une chambre vide… ou de trouver une autre habitante dans cette chambre chargée en souvenirs de cette vieille dame…

Un sentiment de tristesse m’envahit… mais aussi un soulagement, le soulagement d’une souffrance finie…

 

Chaque rencontre laisse en moi des traces indélébiles… leçons de vie, transmission d’un vécu… ils m’apprennent ce qu’est la vie… remplis de sagesse, au stade du bilan…

A l’apogée de leur vie, ils transmettent leur savoir… le savoir d’un vécu, d’expériences…

« Profitez, profitez » disent ils… « La vie est bien trop courte… » Rajoutent ils…

Leurs mots, leurs paroles résonnent dans ma petite tête… ils nourrissent mon esprit, l’enrichissent sur la vision de la vie…  quel sens lui donner ? Quelles directions empruntées ?

Rencontres ponctuelles, éphémères, temporaires…

Assise dans son fauteuil, elle attend…

Le regard dans le vide, submergé par ses pensées, en pleine réminiscence d’un passé lointain, mais qui s’achève aujourd’hui…

Elle attend… « je ne peux pas être et avoir été… », dit elle. Rétrospection, introspection, retour sur une vie remplie de péripéties… flashbacks sur des évènements, ceux qui ont composé toute une vie : laissant une trace indélébile dans l’âme d’une personne…

Elle attend… le passage à la dernière étape de la vie est arrivé, celle de la sagesse de la pensée…. Dans laquelle la passivité règne…

Elle attend… lassitude par un corps en déclin, inutilité par un sentiment de solitude… le « non sens » devient saillant dans une nouvelle vie dénuée de sens… plus aucune route se dessine, sauf ce dernier passage de la vie… celui qui effraie la plupart d’entre nous… mais elle, elle l’attend… une délivrance, la clôture du dernier chapitre de sa vie, la dernière page tournée…

 

Elle attend, sans peur… souvenirs d’une vie, qui se termine aujourd’hui… émotions, seules choses qui lui donnent la force de ressentir sa vie… corps fatigué, las, qui ne la soutient plus, un corps en perte totale… inertie… seul son regard parle et exprime un mal être profond… la force s’estompe… elle tombe… corps en souffrance… elle réclame… la fin… s’attachant à ses propres croyances…

 

Elle attend… transmission, partage de son vécu, des leçons tirées de la vie… pour laisser dans chacun d’entre nous une trace de son passage sur la terre…

 

Allongée, dans son lit, elle attend…

La fin a sonné… dernières paroles, dernières volontés… ses yeux se ferment à jamais… dernier souffle…. Elle part… la fin tant attendue est la… sereine, paisible… un autre voyage l’attend…

http://www.santemagazine.fr/les-approches-complementaires-un-atout-contre-alzheimer-29789.html

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